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Les 9400 habitants de Tuvalu, l'un des plus petits et des plus vulnérables pays du monde, deviendront-ils des réfugiés écologiques? À quelques jours de l'entrée en vigueur du protocole de Kyoto, on s'est rendue sur place pour constater les conséquences du réchauffement climatique sur le quotidien de ces Polynésiens du Pacifique Sud. Démonstration vidéo (petit format) ~ 345 ko Démonstration vidéo (moyen format) ~ 691 ko Démonstration vidéo (grand format) ~ 1035 ko |
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Tuvalu, dont le point le plus élevé est à 4,5 mètres au-dessus du niveau de la mer, pourrait être condamné à disparaître. En effet, la Terre connaît une augmentation du niveau des mers de 10 à 20 cm depuis un siècle. C'est 10 fois plus rapide que pendant les 3000 années précédentes. Les scientifiques du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat- groupe d'évaluation mondiale créé par l'ONU- prédisent une augmentation du niveau moyen de la mer dans le monde de 9 à 88 cm d'ici l'an 2100. Lorsque «l'eau monte près de l'aéroport», la directrice du centre météorologique de Tuvalu, Hilia Vavae, a les deux pieds dedans. Et ça arrive de plus en plus souvent depuis la fin des années 1990, déplore-t-elle. Le centre est situé tout juste en face de l'aéroport, à une quinzaine de mètres de l'océan, sur l'île principale de l'atoll de Funafuti: Fongafale. Près de la moitié de la population de Tuvalu s'entasse sur cette bande de terre longue de 11 km. De grandes parties de l'île ont été inondées pratiquement chaque mois au moment des grandes marées l'année dernière. Ces grandes marées ont parfois atteint trois mètres, alors que le point le plus élevé de Fongafale est à 2,74 m. Avant la fin des années 1990, M. Vavae observait le phénomène aux mois de février et de mars seulement. «Il faut être fou pour ne pas voir les conséquences des changements climatiques à Tuvalu», affirme la femme de 45 ans qui a passé la moitié de sa vie à la tête du centre météo. L'Organisation nationale australienne des marées, qui mesure le niveau de l'océan Pacifique depuis 1993, a calculé une hausse moyenne de 6,2 mm par an à Tuvalu, selon ses plus récents résultats publiés en novembre. «Même si ça a l'air de rien, 6,2 mm par an, pour nous, la moindre hausse est menaçante», explique la femme à l'allure frêle dans sa robe verte aux motifs de fleurs tropicales. Dans son rapport de 2003, la Banque de développement asiatique indique d'ailleurs que Tuvalu possède un «haut niveau de vulnérabilité». Même si la menace est grande, ses habitants sont d'un naturel paisible. Le jour, les enfants qui reviennent de l'école se dépêchent d'enlever leur uniforme bleu azur pour plonger dans le lagon de la même couleur. Les plus vieux se reposent et fument sur leur umu, plateforme de bois construite près de la maison. Les femmes y fabriquent des nattes, des colliers de coquillages et des couronnes de fleurs. |